Le dossier du mois
La migraine chez l’adulte
10/01/2017
- La migraine n’est-elle qu’un simple mal de tête ?
- Quand parle-t-on de migraine ?
- En dehors des céphalées, y a-t-il d’autres symptômes pour la migraine ?
- Combien de temps une migraine peut-elle durer et quelle est son intensité ?
- Pourquoi et comment ne pas confondre migraine et céphalée de tension ?
- Ma mère est migraineuse, je le suis, ma fille peut-elle l’être ?
- Y-a-t-il des raisons qui peuvent expliquer la survenue d’une crise ?
- Y-a-t-il une relation entre des règles menstruelles et la migraine ?
- Que faut-il dire à son médecin lorsque l’on est migraineuse et que l’on souhaite une contraception orale ?
- Que se passe-t-il lorsque l’on est enceinte ?
La migraine n’est-elle qu’un simple mal de tête ?
Le nom médical du mal de tête est la céphalée. Il s’agit d’une manifestation douloureuse et incapacitante.
La personne a mal et souffre de l’impossibilité de mener à bien une activité ou une tâche*.
Il existe un grand nombre de céphalées.
La plus connue est la migraine. Les plus fréquentes sont les céphalées de tension. Bien que plus rare, il faut aussi mentionner les douleurs (algies) de la face.
La migraine est une maladie invalidante, sous forme de crises de céphalées pulsatiles, unilatérales exacerbées par le bruit et la lumière, souvent accompagnées de nausées ou vomissements.
Elle débute dans la majorité des cas avant 40 ans, la périodicité des crises est variable d’un individu à l’autre mais également chez un même malade.
* : OMS
Quand parle-t-on de migraine ?
Bien évidemment, le diagnostic ne peut être pratiqué que par un médecin, suite à un interrogatoire précis et détaillé. Celui-ci sera orienté vers un diagnostic de migraine selon les critères de l’International Headache Society :
- Au moins 5 céphalées pénibles, qui durent entre 4 et 72 heures sans traitement,
- Si au moins l’un des signes est observé
– Vomissements et/ou nausées
– Intolérance à la lumière
– Intolérance au bruit
- Si deux des caractéristiques sont évoquées
– douleur unilatérale (d’un seul côté du crâne), mais la moitié des migraineux ont des douleurs bilatérales,
– et/ou pulsatile (impression de sentir les battements du cœur dans la tête),
– et/ou gène l’activité quotidienne voire oblige à se coucher
– et/ou aggravation par le mouvement (tel que monter des escaliers)*
* : Inserm
En dehors des céphalées, y a-t-il d’autres symptômes pour la migraine ?
Avant de ressentir des céphalées, une personne migraineuse peut avoir des troubles qui apparaissent lentement durant environ une heure et qui sont les signes avant-coureurs de la crise migraineuse elle-même, on parle alors d’aura.
Ils sont de différentes natures : aura visuelle (vision de points, de tâches brillantes ou de trou dans le champ visuel) ( appelé migraine ophtalmique) ou aura aphasique (troubles du langage) ou encore aura sensitive (troubles comme des fourmillements, des engourdissements d’une main).
La majorité des crises migraineuses ne débute pas par une aura, mais elles peuvent être associées à des troubles digestifs (nausées ou vomissements) ou à une sensibilité exacerbée à la lumière et/ou au bruit*.
* : Inserm
Combien de temps une migraine peut-elle durer et quelle est son intensité ?
La migraine peut durer de quelques heures jusqu’à 2 ou 3 jours*.
La fréquence des crises est très variable de quelques jours par an à plusieurs par mois**.
L’intensité est elle aussi variable, de modérée à sévère et peut différer d’une crise à l’autre.
* : OMS
**: Inserm
Pourquoi et comment ne pas confondre migraine et céphalée de tension ?
La question est d’autant plus intéressante que la céphalée de tension est plus courante que la migraine. La douleur est moins localisée, et n’est pas associée à des symptômes digestifs. La céphalée n’est pas pulsatile. Elle est par contre comme la migraine, handicapante.
La crise peut durer de quelques heures à quelques jours.
Il existe des formes persistantes chroniques c’est-à-dire constantes*.
Bien évidemment, le diagnostic ne peut être pratiqué que par un médecin.
*: OMS et Inserm
Ma mère est migraineuse, je le suis, ma fille peut-elle l’être ?
Le caractère héréditaire de la migraine est connu depuis le 19ème siècle. Il semble plus important pour les migraines avec aura que pour les migraines sans aura*.
* : Inserm
Y-a-t-il des raisons qui peuvent expliquer la survenue d’une crise ?
Il existe certains événements ou conditions particulières qui favorisent la survenue de la crise.
Ces événements ou conditions favorisants sont très personnels, changeants et divers. Une crise peut être déclenchée par une émotion positive ou négative, un surmenage ou a contrario un relâchement, un effort physique d’intensité inhabituelle, trop ou pas assez de sommeil, un froid trop vif, un vent violent, une température élevée, l’absence d’un repas ou au contraire un repas trop riche…
L’analyse avec votre médecin des conditions et événements déclenchant une crise est toujours utile, c’est pour cela qu’il est efficace d’établir un historique des crises et des conditions de leurs survenues (la date, la durée, les facteurs déclenchants, l’intensité de la douleur, le retentissement sur la vie quotidienne, les médicaments utilisés, leur efficacité et la posologie).
Il est donc bon de tenir un agenda de ses crises migraineuses
Y-a-t-il une relation entre des règles menstruelles et la migraine ?
Les variations du taux hormonal lors du cycle sont considérées comme un facteur déclenchant majeur de la crise migraineuse.
Par contre, les femmes souffrant de migraine lors du cycle peuvent aussi en souffrir en dehors de celui-ci.
Il est à noter que dans 2/3 des cas, les crises cessent après la ménopause.
Que faut-il dire à son médecin lorsque l’on est migraineuse et que l’on souhaite une contraception orale ?
Il est important de mentionner si vos crises migraineuses sont précédées d’une aura ou non (troubles visuels ou de la sensibilité apparaissant avant la crise douloureuse*).
Les crises peuvent être exacerbées par une pilule fortement dosée.
* : Oral contraceptive in migraine
Que se passe-t-il lorsque l’on est enceinte ?
La migraine s’améliore ou disparait chez 60 à 70% des femmes, surtout pendant les deux derniers trimestres. Cette évolution est particulièrement manifeste chez les femmes qui souffrent d’une migraine sans aura liée au cycle menstruel.
La migraine peut s’aggraver chez moins de 20% des femmes.
- La migraine est-elle une fatalité ?
- La migraine est-elle bien prise en charge ?
- L’automédication est-elle une solution ?
- Pourquoi consulter pour une migraine ?
- Les questions à se poser avant de prendre un traitement antalgique contre la migraine ?
- Quand consulter ?
- Comment puis-je éviter de subir une crise ?
- En cas de crise comment puis-je agir pour la limiter ?
- Pourquoi est-il important de parler à son médecin/pharmacien de ses traitements en cours lors de la prise de triptan ?
La migraine est-elle une fatalité ?
Le petit nombre des consultations dans les pays développés semble démontrer que les patients potentiels semblent ignorer qu’il existe des traitements efficaces, et un grand nombre de personnes souffrant de céphalées ne sont ni diagnostiquées, ni traitées.
Le nombre de consultations est considéré comme faible.
Cette situation est explicable par une méconnaissance du grand public et la non-prise en compte par la population que la migraine ou les céphalées peuvent être médicalement prises en charge.
Seule une minorité des personnes atteintes dans le monde bénéficie d’un diagnostic professionnel : 40 % des sujets atteints de migraine et de céphalée de tension.
La migraine est-elle bien prise en charge ?
On estime que 50% des personnes ayant des céphalées pratiquent l’automédication.
L’automédication est-elle une solution ?
La migraine peut être traitée après un avis médical par des antalgiques en vente en libre accès ou en conseil officinal dans les limites définies par le médecin et sans dépasser les doses efficaces (une prise antalgique non renouvelée par crise) et sur la durée la plus courte possible (pas plus de deux jours par semaine et deux jours consécutifs).
Par contre, lorsque la consommation devient chronique et excessive, peuvent survenir des céphalées dites de consommation ou d’abus de médicaments. Ces céphalées sont donc la conséquence d’un mauvais usage des antalgiques. Elles sont oppressantes, persistantes, avec fréquemment un paroxysme (intensité la plus élevée) au réveil.
Pourquoi consulter pour une migraine ?
Une céphalée peut être le symptôme d’une pathologie potentiellement grave, et doit donc bénéficier d’un diagnostic.
La prise en charge médicalisée de céphalées récidivantes permet de diagnostiquer rigoureusement la maladie migraineuse et de proposer des traitements de la crise limitant potentiellement son intensité et sa durée et des traitements de fond à prendre quotidiennement afin de limiter la fréquence des crises pour en éviter leurs survenues.
Une abondance de preuves indique que la migraine diminue davantage la qualité de vie liée à la santé que ne le font l’arthrite ou le diabète.
Les questions à se poser avant de prendre un traitement antalgique contre la migraine ?
Pour définir l’efficacité d’une automédication lors d’une crise, vous pouvez poser les questions suivantes :
- Ai-je eu un avis médical ? (les céphalées même si elles peuvent apparaître comme bénignes sont des symptômes dont il faut connaître la cause. Dans tous les cas, parlez-en à votre médecin).
- Le médicament que je souhaite prendre m’a-t-il déjà été prescrit ou conseillé dans cette indication ?
- Quand ai-je pris dernièrement un antalgique pour soulager un mal de tête (si plus de deux jours par semaine ou deux jours consécutifs consulter votre médecin).
- Ai-je déjà pris un antalgique dans la journée sans que j’obtienne de soulagement (si un soulagement n’est pas obtenu dans les deux heures avec un antalgique, éviter de renouveler la prise, et prenez le traitement prescrit par le médecin ou consulter).
- Est-ce que je tolère bien ce traitement ? (En cas de trouble digestif, évitez les AINS à visée antalgique et les salicylés).
Dans tous les cas, reportez-vous à la notice et/ou demandez conseil à votre pharmacien.
Quand consulter ?
Si vous souffrez de migraine, consultez votre médecin traitant dans les cas suivants :
- Vous êtes enceinte.
- Vous prenez une contraception orale.
- Vous consommez déjà un médicament incompatible avec les antalgiques ou les anti- inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
- Vous devez utiliser des médicaments contre la douleur plus de trois jours par semaine.
- Votre traitement en automédication n’est plus efficace, ou bien vos crises deviennent plus fréquentes et/ou plus intenses. Dans ce cas, n’oubliez pas de préciser au médecin le produit employé, le dosage et la fréquence des prises.
- Vous présentez des effets secondaires au traitement que vous avez entrepris par vous-même.
Comment puis-je éviter de subir une crise ?
À titre général si un migraineux peut avoir des horaires de sommeil réguliers, éviter de sauter un repas, s’échauffer avant une séance de sport ou éviter des activités trop violentes, il pourra en tirer bénéfice en évitant des crises.
Attention par contre à ne pas vivre dans l’évitement de la crise à tout prix. Cet évitement systématique peut entraîner a contrario une sensibilité accrue à des changements même minimes.
En cas de crise comment puis-je agir pour la limiter ?
Dès que vous ressentez les symptômes d’un épisode migraineux, vous pouvez effectuer certains gestes pour atténuer leur intensité :
- allongez-vous dans une pièce calme et sombre ;
- mettez un linge froid sur votre front ;
- buvez de l’eau pour éviter de vous déshydrater, surtout en cas de vomissements.
- Le café ou le thé peuvent avoir un effet bénéfique sur la douleur
- L’association avec des traitements phytothérapiques (comme les crayons ou roll-on au menthol) peuvent apporter un plus aux médicaments.
Pourquoi est-il important de parler à son médecin/pharmacien de ses traitements en cours lors de la prise de triptan ?
Certains antibiotiques associés aux triptans engendrent un danger réel de surdosage. La prescription propre à chaque professionnel de santé peut parfois provoquer des problèmes d’interactions médicamenteuses.
C’est pourquoi il faut toujours préciser à votre pharmacien la prise de médicament en cours.
- Quels sont les traitements pour la migraine ?
- Les AINS à visée antalgique peuvent-ils être efficaces dans la migraine ?
- Pourquoi faut-il prendre le plus rapidement possible un traitement efficace de la migraine ?
- Est-il utile de renouveler la prise d’AINS à visée antalgique en cas d’absence de soulagement dans les deux heures ?
- Combien de fois puis-je prendre des antalgiques par semaine ?
- Quelles différences y a-t-il entre les triptans et les antalgiques ?
- Existe-t-il des méthodes non médicamenteuses pour traiter les crises ?
Quels sont les traitements pour la migraine ?
Il existe deux types de traitements qui dépendent de la fréquence, de la durée et de l’intensité des crises, ainsi que de leur retentissement sur la vie quotidienne. Il n’y a donc pas de traitement standard, il est propre à chaque patient.
- Les traitements de la crise permettent de limiter l’intensité et/ou la durée de la crise. Ils doivent être utilisés dès les premiers signes de la crise migraineuse, afin de « casser » la crise. Les traitements de première intention sont les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), ceux de seconde intention sont les triptans. Il est possible d’associer un AINS à visée antalgique et triptan.
- Les traitements de fond sont plutôt prescrits lorsque le patient souffre de plus de deux crises par mois, afin de limiter la fréquence des crises et si le traitement de crise ne fonctionne pas. Tous les médicaments utilisés sont sous prescription médicale et sont très fréquemment utilisés dans d’autres indications. Les médecins peuvent ainsi prescrire des médicaments pour le système cardiaque (bêta- bloquant par exemple), ou des traitements de la dépression, voire des traitements contre l’épilepsie*.
Dans tous les cas, reportez- vous à la notice et/ou demandez conseil à votre pharmacien.
* : Inserm
Les AINS à visée antalgique peuvent-ils être efficaces dans la migraine ?
La migraine est une pathologie neurologique complexe dont une des conséquences serait une réaction inflammatoire au niveau cérébral qui participerait à la survenue de la douleur migraineuse.
Les AINS ne sont pas des corticoïdes. Ils ont une activité anti-inflammatoire à fortes doses, et sont des traitements efficaces de première intention de la crise migraineuse.
Dans tous les cas, le meilleur médicament sera celui qui convient à la personne en terme d’efficacité à la plus faible dose possible et de tolérance (le moins d’effets secondaires). Dans tous les cas reportez-vous à la notice et/ou demandez conseil à votre pharmacien.
Pourquoi faut-il prendre le plus rapidement possible un traitement efficace de la migraine ?
Cliniquement la prise rapide dès l’apparition des premiers symptômes douloureux limite, voire peut permettre un soulagement complet de la crise migraineuse.
Est-il utile de renouveler la prise d’AINS à visée antalgique en cas d’absence de soulagement dans les deux heures ?
La dose adulte la plus adaptée pour traiter une crise migraineuse est la dose forte d’AINS à visée antalgique. Il doit être pris le plus tôt possible, dès le début de la crise de migraine.
Si un patient n’est pas soulagé après la première dose, une seconde dose ne doit pas être prise au cours de la même crise. Toutefois la crise peut être traitée avec un autre antalgique qui ne soit pas un anti-inflammatoire non stéroïdien.
Combien de fois puis-je prendre des antalgiques par semaine ?
La prise de plus de deux jours par semaine ou deux jours consécutifs d’un antalgique pour des céphalées est déconseillée.
Quelles différences y a-t-il entre les triptans et les antalgiques ?
Les triptans sont des médicaments spécifiques de la migraine. Ils ne peuvent être utilisés qu’en deuxième intention c’est-à-dire lorsqu’une première prise d’antalgique n’a pas obtenu le soulagement escompté dans les deux heures.
Ces médicaments ne peuvent être pris qu’après avis et prescription médicale.
Existe-t-il des méthodes non médicamenteuses pour traiter les crises ?
Les activités, telles que le yoga, la relaxation ou encore la sophrologie, sont susceptibles de réduire le stress et peuvent améliorer la déclaration des crises. Il s’agit de méthodes complémentaires, le plus souvent à un traitement de fond.