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Le dossier du mois

La Dysfonction Érectile

23/08/2018

Quel est le mécanisme de l’érection ?

Parvenir à une érection nécessite des transmissions nerveuses intactes, un bon fonctionnement des vaisseaux sanguins et la présence d’hormones particulières.

L’érection est un phénomène réflexe répondant à une stimulation. Le début d’une érection est provoqué au niveau d’une zone très spécifique du cerveau, l’hypothalamus, par une stimulation érotique (visuelle, tactile, olfactive, auditive) due à l’éveil des sens ou des pensées. Ces stimulations induisent des influx nerveux qui parviennent aux organes génitaux et enclenchent un processus biologique et biochimique : la libération d’oxyde nitreux qui va activer l’enzyme Guanylate cyclase, qui elle-même va accroître la quantité de GMPc (Guanosine MonoPhosphate cyclique). Cette cascade diminue la concentration de calcium dans les cellules des muscles lisses du pénis, ce qui induit un relâchement des muscles qui va avoir pour effet de faciliter le passage du sang en provenance des veines péniennes et ainsi entraîner le gonflement et la rigidité du pénis.

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Source : Association Française d’Urologie – Lue T. N Engl J Med 2000;342:1802—13

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Qu’est-ce qu’une dysfonction érectile ou trouble de l’érection ?

La dysfonction érectile est l’incapacité d’obtenir et/ou de maintenir une érection suffisante pour permettre une activité sexuelle satisfaisante

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Panne ou réelle dysfonction érectile ?

Il faut faire la différence entre panne sexuelle occasionnelle et une dysfonction érectile persistante. Les pannes sexuelles sont transitoires et ponctuelles. De plus lorsque l’homme vieilli, une stimulation prolongée est nécessaire pour obtenir une érection. Ces changements peuvent apparaître dès l’âge de la cinquantaine.

Pour affirmer le diagnostic, il faut aussi que la difficulté d’obtenir ou de maintenir une érection réponde à certains critères supplémentaires :

  • Elle doit être installée depuis plus de 6 mois
  • Elle doit être éprouvée dans presque toutes les occasions (approximativement 75 à 100 % des cas) d’activités sexuelles
  • Il est aussi nécessaire que les symptômes provoquent une détresse cliniquement significative chez l’individu pour que le diagnostic soit porté. C’est d’ailleurs sur cet élément d’impact personnel sur l’individu qu’est estimé la sévérité du trouble (et non en fonction du degré de rigidité du pénis).

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Quelle est la prévalence moyenne de la dysfonction érectile ?

La dysfonction érectile est un symptôme très fréquent dont la prévalence moyenne varie selon les populations étudiées et les critères retenus. S’agissant d’un sujet difficile à aborder, ces chiffres peuvent être fréquemment sous-évalués. Il existe néanmoins, dans toutes les études, une augmentation régulière de la prévalence de la dysfonction érectile avec l’âge.

  • 1 à 9 % de 18 à 39 ans
  • 2 à 30 % de 40 à 59 ans
  • 20 à 40 % de 60 à 69 ans
  • 50 à 75 % au-delà de 70 ans.

Par ailleurs, 78% des patients qui ont à la fois une hypertension et un diabète souffrent d’un trouble de l’érection. Il est estimé que plus de 160 millions d’hommes dans le monde seraient touchés dont environ 4 millions de français. L’augmentation de l’espérance de vie, devrait augmenter cette prévalence

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Quelles sont les origines de ce trouble ?

En plus de l’âge, il existe différentes causes de la dysfonction érectile, en voici une liste non exhaustive :

  • Les causes vasculaires et le diabète :

Les causes vasculaires concernent 40% des dysfonctions érectiles. En effet, un taux de cholestérol élevé est un facteur de risque aggravé, puisqu’en induisant la diminution du diamètre des artères, le flux sanguin diminue.

Chez les patients diabétiques, l’atteinte des nerfs et des artères peut provoquer une dysfonction érectile. Cette pathologie est plus fréquente que les complications oculaires ou rénales rencontrées par les diabétiques.

La dysfonction érectile n’est donc pas seulement un symptôme isolé, elle peut être un signe précurseur de ces deux maladies.

  • Le facteur conjugal :

La question du couple et du partenaire est aujourd’hui au premier plan sur la réflexion sur la dysfonction érectile. Le diagnostic et/ou le traitement du patient prend en compte des facteurs liés aux partenaires (état de santé du partenaire, problèmes dans le couple…), ainsi que des facteurs relationnels (mauvaise communication, divergence par rapport au désir d’activité sexuelle…). La question du rôle des partenaires dans le déclenchement ou le maintien de la dysfonction érectile de l’homme est fondamentale. C’est un facteur qui peut influer sur la motivation sexuelle du couple, sur les modalités et les résultats de la prise en charge. Le changement dans la sexualité féminine lors de l’apparition d’une dysfonction érectile est également bien démontré (baisse du désir sexuel, difficultés orgasmiques, diminution de la satisfaction globale et de la qualité de vie).

  • Les maladies neurologiques :

Globalement, les maladies neurologiques telles que la maladie de Parkinson, l’épilepsie, la sclérose en plaques, la maladie d’Alzheimer et les accidents vasculaires cérébraux (AVC) peuvent être responsables de troubles érectiles.

  • Chirurgie ou radiothérapie de la prostate :

Le cancer de la prostate est actuellement le cancer le plus diagnostiqué chez l’homme. L’intervention chirurgicale, appelée prostatectomie aboutit dans la plupart des cas à une disparition temporaire des érections. Cela est dû à l’ablation des nerfs érecteurs proches de la glande prostatique. Le traitement par radiothérapie a un pourcentage de perte d’érection presque identique à celui de l’intervention chirurgicale.

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Quels sont les facteurs de risque augmentant la probabilité de développer cette pathologie ?

Au-delà de l’âge ou de la maladie, il existe des facteurs de risque, tels que :

  • Une mauvaise hygiène de vie (alcool, tabac, obésité, sédentarité…)
  • La dépression
  • Certains traitements médicamenteux

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Vente de médicaments sur internet

Les produits utilisés contre les troubles érectiles peuvent se retrouver en vente sur internet. Les médicaments saisis en France sont essentiellement des produits indiqués dans les troubles de l’érection ou utilisés dans le milieu sportif pour accroître les performances (anabolisants stéroïdiens…). Or l’ANSM rappelle que l’achat de médicaments sur Internet comporte de nombreux risques pour la santé des consommateurs et peut favoriser le mauvais usage des médicaments. Seul le circuit des pharmacies d’officine est régulièrement contrôlé par les autorités sanitaires.

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Quels sont les traitements permettant de diminuer ces troubles ?

Avant la mise en place d’un traitement médicamenteux, les facteurs de risques et comorbidités sont préalablement pris en charge, le patient et le couple sont informés et le statut cardiovasculaire du patient est apprécié. Il existe différents traitements permettant de diminuer la dysfonction érectile. Un traitement oral est utilisé en première intention, il s’agit d’un inhibiteur de la phosphodiesterase 5 (IPDE5). En cas d’échec, de contre-indication des traitements oraux ou de préférence personnelle, il est possible d’utiliser des prostaglandines (injection intracaverneuse, délivrance intra-urétrale ou application pénienne) ou un vacuum

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Quel est le mode d’action des IPDE5 ?

En cas de dysfonction érectile, la prescription d’un traitement oral d’inhibiteur de la phosphodiéstérase (iPDE5) est faite en première intention. Cette molécule inhibe de façon compétitive l’enzyme PDE5, bloquant ainsi le clivage de la substance active physiologique, GMPc (guanosine monophosphate cyclique) qui se retrouve alors en concentrations élevées dans l’ensemble du système uro-génital et surtout dans les corps caverneux.

Une stimulation sexuelle est requise pour que les inhibiteurs soient efficaces (ce sont des facilitateurs et non des inducteurs de l’érection). Après cela, le traitement par inhibition accroît les concentrations de GMPc au-dessus du seuil qui est nécessaire pour déclencher l’érection par la relaxation des muscles lisses.

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Source : Lue T. N Engl J Med 2000;342:1802—13

Ce mécanisme fonctionne dans la majorité des étiologies de dysfonction érectile, sauf celles dans lesquelles de graves lésions des nerfs caverneux parasympathiques empêchent la libération de monoxyde d’azote (NO), l’activation de la guanylate cyclase et la formation de GMPc. Des lésions peuvent apparaître après une chirurgie des cancers pelviens avec résection bilatérale des nerfs caverneux ou de maladies graves avec neuropathie autonome comme le diabète.

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