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Le dossier du mois

La douleur chez l’adulte

13/02/2014

Pourquoi a-t-on mal ?

La douleur la plus courante est un message envoyé au cerveau pour l’alerter de l’existence d’un accident (coup, brûlure, …). Ce message est transporté par les voies nerveuses. Les médecins parlent dans ce cas de douleur nociceptive (du latin nocivus, de nocere [noci-, nocie], nuire, douleur). Les voies nerveuses peuvent elles-mêmes être endommagées, on parle alors de douleurs neuropathiques.

Les douleurs nociceptives et neuropathiques sont donc en relation avec un dommage d’un tissu, d’un organe ou encore d’un nerf, mais ce ne sont pas les seules. Une douleur peut être ressentie sans qu’aucun dommage ne puisse être identifié, on parle alors de douleur idiopathique (sans cause définissable) ou de douleur psychogène (au détour d’une psychopathologie comme la dépression par exemple).

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La douleur est-elle inutile ?

La douleur est loin d’être inutile. Elle vous alerte par exemple sur une situation anormale et s’accompagne d’un geste de sauvegarde. J’ai mal lorsque je me brûle la main et j’enlève ma main de la source de ma douleur.

Par contre, traiter la douleur est une nécessité et sa prise en charge est une obligation règlementaire pour tout établissement de santé et pour tous les soignants*.

* : Article L.1110-5 du code de la santé publique; Loi n°202-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé

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Quelle est la différence entre inflammation et douleur ?

Galien le premier des médecins définissait l’inflammation par quatre mots: « rubor, tumor, dolor, calor » c’est-à-dire rougeur, œdème (gonflement), douleur, et chaleur.

L’inflammation est la réponse des tissus vivants, vascularisés, à une agression. Elle est l’un des premiers processus de défense du corps (immunitaire) à une agression. La plupart des douleurs sont donc liées à un état inflammatoire, à l’exception des douleurs, neuropathiques (lésion d’un nerf), idiopathiques (sans cause définissable) ou psychogènes (au détour d’une psychopathologie comme la dépression par exemple).

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Existe-t-il une graduation de la douleur ?

Oui ! L’organisation mondiale de la santé (OMS) a défini 3 niveaux de douleurs.

Les douleurs légères à modérées (mal de tête, douleurs des règles ou dentaires, douleurs musculaires ou tendineuses) sont soulagées par des traitements courants que vous pouvez obtenir sans ordonnance.

Si ces traitements de base ne sont pas suffisants les douleurs sont dites modérées à sévères et leur traitement nécessite alors une prescription médicale.

On distinguera enfin les douleurs intenses. Ce sont celles qui surviennent lors d’un cancer, suite à une opération ou encore dans le cadre de maladies chroniques graves.

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Comment peut-on évaluer la douleur ?

Seule la personne qui souffre peut le faire, en établissant sa référence personnelle. Les médecins ont dès lors besoin d’elle pour déterminer si leur traitement est efficace. Pour traiter des douleurs autres que celles du quotidien dites légères à modérés, l’équipe de soin peut demander à la personne qui souffre de dire ou de placer sur une échelle, son niveau de douleur. Après le traitement et en pratiquant une deuxième estimation de sa douleur sur la même échelle, elle pourra faire comprendre à l’équipe médicale si elle a été soulagée et l’importance de ce soulagement.

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Plus j’ai mal, plus c’est grave ?

Il n’y a pas forcément de lien entre l’intensité ou la persistance de douleurs et la gravité de la maladie qui les provoque.

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Pourquoi avoir mal aux dents est-il si douloureux ?

Parce que la face est la région la plus innervée du corps et qu’elle assure de multiples fonctions : manger, parler, voir, sentir, entendre et communiquer. Ses douleurs, en empêchant des gestes et des comportements naturels et habituels sont d’autant plus mal ressenties psychologiquement et socialement. Elles sont souvent sévères et doivent être systématiquement prises en charge par un médecin ou un dentiste.

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Comment différencier un mal de tête d’une migraine ?

Les critères de diagnostic* d’une migraine sont les suivants:

1. le mal de tête évolue par crises (durée de quelques heures à trois jours) entrecoupées de périodes de rémission (absence de symptôme)

2. au moins cinq crises ont été répertoriées

3. le mal de tête présente au moins deux des aspects suivants : localisé d’un coté de la tête, pulsatile, accru par l’effort physique, douleur forte à très forte

4. le mal de tête s’accompagne d’au moins l’un des signes suivants : nausées ou vomissements, gêne à la lumière et au bruit.

* : Définition de l’International Headache Society (IHS)

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Le mal de dos est-il grave ?

La lombalgie commune c’est-à-dire le mal de dos, n’est pas grave puisqu’aucune lésion n’est décelable à la radiographie. Si la douleur persiste plus de trois mois, les médecins parlent de douleurs chroniques. Aucune explication simple ne peut être donnée, il peut s’agir à la fois de facteurs physiques, psychologiques et/ou professionnels. Le traitement de ces douleurs chroniques doit être multiple en permettant d’améliorer sa posture, d’analyser les conditions d’apparition, de favoriser la pratique d’exercices physiques adaptés ou de massage… Le repos n’est désormais pas considéré comme utile.

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Que peut-on faire lorsque l’on a mal depuis des années ?

Il existe des douleurs chroniques rebelles aux traitements usuels. Elles peuvent durer des mois (à partir de plus de trois mois*) , parfois des années. Elles nécessitent d’être évaluées sous tous leurs aspects (somatiques et psycho-sociaux), avant d’envisager une thérapeutique adaptée.

Ces douleurs ont des origines diverses : cancéreuses (évolution de la maladie ou séquelles des traitements) ou liées au VIH, des douleurs chroniques (neurologique par lésion du système nerveux périphérique ou central), des douleurs rhumatologiques et musculo-squelettiques… Dans tous les cas les causes de ces douleurs sont multiples (à la fois physique et psychologique). Les médecins parlent de ces douleurs comme des douleurs-maladies.

* : Définition de l’International Association for the Study of Pain

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Comment traiter une douleur ?

Traiter la douleur est une nécessité et sa prise en charge est une obligation règlementaire pour tout établissement de santé et pour tous les soignants.

Chez l’enfant la douleur doit être traitée lorsqu’elle est assez intense ou prolongée pour empêcher les activités habituelles de l’enfant. Avant de proposer un traitement pour soulager la douleur, un médecin cherchera à la mettre en évidence, la localiser et l’évaluer tout en cherchant sa cause afin de la traiter.

Chez l’adulte, les douleurs communes (mal de tête, douleurs des règles ou dentaires, douleurs musculaires ou tendineuses) peuvent être traitées en automédication par des médicaments ne nécessitant pas de prescription médicale en utilisant la plus faible dose efficace sans dépasser la dose maximale et pendant une durée de traitement la plus courte possible. Si la douleur ne cède pas, il ne faut pas hésiter à consulter

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Les questions à se poser avant de soulager une douleur ?

Pour traiter par vous-même une douleur rapidement, efficacement et avec le moins risque possible, il faut répondre aux questions suivantes:

  • Est-ce une douleur que je connais, et que j’ai localisée ? (si certains aspects sont inhabituels n’hésitez pas à consulter)
  • Suite à quelle situation est-elle survenue ? (si la cause ou les conditions de survenue sont inconnues, n’hésitez pas à consulter)
  • Quand ai-je pris la dernière fois un médicament pour soulager une douleur ? (en cas de prises trop fréquentes, n’hésitez pas à consulter)

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Les questions à se poser après avoir pris un traitement contre la douleur ?

Pour définir l’efficacité d’un traitement contre la douleur, vous pouvez vous poser les questions suivantes:

  • Ai-je encore mal ? Si la douleur ne cède pas après une à deux heures après la prise du traitement, n’hésitez pas à envisager de consulter.
  • Si la douleur est réapparue : depuis combien de temps ai-je pris mon traitement antidouleur ? (attention à respecter le délai entre deux prises)
  • Depuis combien de temps est-ce que je traite ma douleur ? Si le traitement dure depuis plusieurs jours, n’hésitez pas à consulter pour que le médecin puisse envisager et traiter la cause de la douleur.

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Quand consulter ?

La douleur a une cause, et c’est au médecin de la déterminer pour la traiter.
Si la cause est habituelle et que votre médecin vous a déjà donné la marche à suivre, vous pouvez vous traiter par vous-même. Si la douleur s’estompe et disparait sous cinq jours il n’est pas nécessaire de consulter, sauf si elle récidive.

  • Par contre, il sera nécessaire de voir le médecin si :
    la douleur ne cède pas au traitement pris à bonne dose que vous pouvez obtenir sans ordonnance
  • les causes de la douleur ne sont pas évidentes ou connues
  • la douleur cède au traitement, mais persiste dans le temps
  • la douleur augmente avec le temps.

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J’ai toujours mal malgré le médicament que m’a prescrit mon médecin ?

Si vous avez pris le traitement à la bonne dose et pendant la durée prescrite, il est nécessaire d’en informer le médecin. Celui-ci sera peut être amené à changer de traitement, voire à affiner son diagnostic

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Comment traiter ma douleur autrement que par des médicaments ?

Il existe des techniques non médicamenteuses pour soulager la douleur.
Les traitements physiques : massages, kinésithérapie, physiothérapie (application de chaleur, de froid, de courant électrique), balnéothérapie, contentions (corset de maintien lombaire, collier de mousse, strapping) éducation posturale et gestuelle.

Les méthodes, dites psycho- corporelles (hypnose, relaxation, sophrologie) ou comportementales, permettent d’apprendre à diminuer l’anxiété et le stress, ce qui a pour effet de minorer la perception de la douleur.

L’acupuncture, l’ostéopathie, l’homéopathie ou la mésothérapie – bien que non confirmées scientifiquement, peuvent être efficaces auprès de certaines personnes.

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Quels sont les traitements sans ordonnance pour traiter la douleur ?

Les douleurs légères à modérées (mal de tête, douleurs des règles ou dentaires, douleurs musculaires ou tendineuses) sont soulagées par des traitements courants que vous pouvez obtenir sans ordonnance. Ce sont les antalgiques.

Les antalgiques par voie orale de première intention sont dit périphériques. Leur profil de tolérance permet qu’ils soient utilisés avec le moins de risque d’effets secondaires et d’interactions médicamenteuses pour traiter des douleurs légères et pour des traitements courts sans prescription médicale.

Parmi les antalgiques, il est possible de prendre des médicaments anti-inflammatoires, c’est-à-dire susceptibles de traiter à des doses élevées les quatre symptômes de l’inflammation: chaleur locale, œdème, douleur et rougeur. Le risque d’effet secondaire ou d’interaction avec d’autres traitements est considéré comme faible s’ils sont utilisés à bonne dose et sur une durée la plus courte possible.

Il existe enfin des médicaments qui associent plusieurs molécules pour en augmenter l’efficacité.

N’hésitez pas à demander l’avis de votre pharmacien avant de les utiliser

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Que devez-vous prendre en compte avant de prendre un médicament contre la douleur ?

Certains médicaments antalgiques peuvent entraîner des risques de somnolence à prendre en compte lors de la conduite ou de la manipulation de machines. Un pictogramme (une voiture dans un triangle) se trouve sur les boîtes des médicaments concernés pour vous rappeler ce risque.

Pour éviter le risque potentiellement grave d’en prendre en trop grande quantité, vérifiez la composition de chaque médicament que vous utilisez.

La prise d’alcool est très fréquemment déconseillée lors de la prise d’un médicament

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j’ai de l’asthme, que dois-je prendre comme antalgique ?

Les antalgiques anti-inflammatoires sont déconseillés car ils peuvent potentiellement favoriser une crise d’asthme

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Je suis enceinte, que dois-je prendre comme antalgique ?

Pour plus de prudence, il est toujours nécessaire de demander un avis médical avant de prendre un traitement lors d’une grossesse.

Les antalgiques anti-inflammatoires ne doivent pas être utilisés dans le dernier trimestre de grossesse et pour certains tout au long de la grossesse

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Pourquoi me déconseille-t-on parfois certains antalgiques ?

Chez les personnes traitées par anticoagulants oraux, certains antalgiques sont contre-indiqués et peuvent favoriser un risque hémorragique.

Il existe des contre-indications si vous êtes asthmatique et en cas d’ulcère gastroduodénal. Il est préférable d’éviter d’utiliser après 65 ans certains antalgiques très courants, plus particulièrement si vous êtes traité par certains antihypertenseurs (IEC, ARAII, diurétique, …).

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