Le dossier du mois
ARTICULATIONS et pathologies
30/11/2015
- Comment une articulation fonctionne-t-elle ?
- De quoi est constituée une articulation ?
- Comment les tendons et les muscles se positionnent-ils ?
- Quelles sont les parties fragiles de l’articulation ?
- Qu’est-ce qu’un rhumatisme ?
- Qu’est-ce qui différencie l’arthrite de l’arthrose ?
- Quelle est la pathologie la plus fréquente ?
- Comment l’arthrose se développe-t-elle ?
- Comment la polyarthrite rhumatoïde (PR) se développe-t-elle ?
- Qu’est-ce que la goutte ?
- L’arthrose atteint-elle certaines articulations plus que d’autres ?
- Est-ce qu’un rhumatisme peut être décelé par une radio ?
- Pourquoi une arthrose fait-elle mal ?
- Pourquoi faut-il continuer à marcher lorsque l’on a de l’arthrose ?
- Qu’est-ce qui différencie arthrose et ostéoporose ?
- Pourquoi les anciens sportifs souffrent-ils souvent d’arthrose ?
- Pourquoi ressent-on une douleur lors de crises articulaires ?
- Qu’est-ce qui définit une inflammation ?
- Comment évolue une inflammation ?
Comment une articulation fonctionne-t-elle ?
L’articulation permet les mouvements en amplitude (plier ou lever un membre plus ou moins haut) en orientation (placer son pied dans un sens particulier).
Ces actions sont possibles car les articulations, c’est-à-dire les points de contact entre deux os, sont mobiles.
De quoi est constituée une articulation ?
L’articulation est un lieu de contact entre deux surfaces recouvertes par un tissu lisse : le cartilage.
L’espace entre les deux cartilages baigne dans un liquide huileux et nourricier : le liquide synovial, qui facilite un mouvement pratiquement sans friction entre les deux cartilages.
Le tout est enfermé dans une capsule qui en maintient l’étanchéité et qui la protège.
Comment les tendons et les muscles se positionnent-ils ?
Le muscle s’accroche à un os de l’articulation par les tendons. Il existe des petits coussinets qui permettent au muscle de ne pas souffrir du contact avec l’os.
Les ligaments relient les deux os d’une même articulation.
Quelles sont les parties fragiles de l’articulation ?
Les cartilages sont vivants, c’est-à-dire que leur structure évolue certes lentement, mais de manière significative avec l’âge.
La surface du cartilage peut se dégrader et entraîner des frictions douloureuses et des difficultés mécaniques.
Ces changements, dans un premier temps sans symptômes ressentis, apparaissent très lentement, puis évoluent par crises douloureuses : c’est le processus arthrosique.
Les localisations des rhumatismes sont nombreuses :
- Colonne vertébrale : principalement au niveau dorso-lombaire et touchant 85% des hommes de plus de 50 ans et 75% des femmes de cette catégorie d’âge.
- Genou ou gonarthrose : 20 à 30% des personnes âgées de 60 à 70 ans et 40 à 50% des plus de 80 ans.
- Hanche ou coxarthrose : 3% de la population est touchée.
- Doigts : présent chez 10% des 40-50 ans (dont 90% de femmes) et chez 60% des hommes de plus de 70 ans.
→ Ces rhumatismes sont à l’origine de la pose de 50 000 prothèses de hanche et 20 000 prothèses de genou chaque année.
Qu’est-ce qu’un rhumatisme ?
Témoin de douleurs articulaires, de gonflements ou encore de raideur dans les membres, les rhumatismes se caractérisent principalement par la douleur qu’ils engendrent et la qualité de vie qu’ils altèrent.
L’arthrose et l’arthrite sont des rhumatismes, c’est-à-dire des atteintes des articulations.
Qu’est-ce qui différencie l’arthrite de l’arthrose ?
L’arthrose est un processus de dégénérescence lié plus particulièrement à l’âge, mais il existe une différence entre le processus normal de vieillissement du cartilage et l’arthrose. Il s’agit d’une altération du cartilage caractérisée par des douleurs principalement lors de mouvements. Elle a une origine mécanique, du fait de la dégénérescence du cartilage. Cette pathologie touche environ 9 à 10 millions de Français. Elle touche environ 65 % des + de 65 ans et 80% des plus de 80 ans.
L’arthrite quant à elle, est une pathologie inflammatoire dont les causes sont complexes. Les médecins parlent de maladie auto-immune (les fonctions de défense du corps se retournent contre lui). Il s’agit en effet d’une inflammation de la membrane synoviale. Elle peut être infectieuse ou immunitaire, bien souvent héréditaire ou encore alimentaire. Une des arthrites les plus connues est la polyarthrite rhumatoïde.
Quelle est la pathologie la plus fréquente ?
L’arthrose peut atteindre jusqu’à 80 à 90 % des personnes de plus de 80 ans.
Une pathologie arthritique, comme la polyarthrite rhumatoïde, n’atteint que 0,5 % de la population.
Comment l’arthrose se développe-t-elle ?
Il s’agit d’une succession de microtraumatismes qui vont altérer le cartilage de surface et créer des lésions de plus en plus profondes. Il y a aussi une action dégénérative au niveau de la membrane synoviale qui abrite le liquide synovial.
En effet, le liquide synovial élimine les déchets issus du renouvellement du cartilage mais n’arrive plus à détruire les déchets trop volumineux dus aux différents traumatismes. La membrane doit sécréter l’enzyme qui sert à détruire ces éléments en quantité beaucoup trop importante : un processus inflammatoire apparait alors.
Comment la polyarthrite rhumatoïde (PR) se développe-t-elle ?
La PR est une maladie inflammatoire des articulations mais c’est également une maladie auto-immune dégénérative chronique. Elle atteint le cartilage principalement de façon bilatérale et symétrique, évoluant en poussées en déformant ou détruisant les articulations ciblées. Des facteurs hormonaux et environnementaux sont en cause.
Elle évolue sur plusieurs années.
Lors des périodes de poussées, les articulations sont gonflées et douloureuses pour évoluer vers une déformation articulaire.
Qu’est-ce que la goutte ?
Présente principalement chez les hommes entre 30 et 50 ans, il s’agit d’un dépôt de cristaux dans les articulations. L’accumulation d’urate cristallise les articulations, une inflammation très douloureuse apparait pendant environ 1 semaine. Un régime adapté doit être préconisé et les traitements sont semblables à ceux des autres rhumatismes
L’arthrose atteint-elle certaines articulations plus que d’autres ?
Oui. Contrairement à ce que l’on croit, c’est la colonne vertébrale qui est la plus fréquemment atteinte (75 %), puis ce sont les mains (60 %), le genou (30%) et la hanche (10%).
Cette différence de perception s’explique, car les arthroses du genou et celles de la hanche sont plus douloureuses et invalidantes.
Est-ce qu’un rhumatisme peut être décelé par une radio ?
Oui. Une arthrose n’occasionne souvent pas de douleurs ou des douleurs qui peuvent passer inaperçues.
L’image radiographique peut affirmer une dégradation de l’articulation. Sur 100 sujets de plus de 65 ans, 30 auront une arthrose visible à la radiographie.
Pourquoi une arthrose fait-elle mal ?
L’arthrose en modifiant la qualité du cartilage va créer des frictions inflammatoires et la douleur.
Plus le cartilage est endommagé plus l’articulation est contrainte dans ses mouvements.
Pourquoi faut-il continuer à marcher lorsque l’on a de l’arthrose ?
La marche ou toute activité physique a une action bénéfique sur les cartilages en favorisant leur nutrition et leur régénération.
En effet les cartilages ne bénéficient pas d’un apport sanguin nourricier. C’est uniquement la création d’un flux, dont la seule force motrice est la pression liée au mouvement, qui permet au liquide synovial de nourrir les cellules vivantes du cartilage.
Il est donc évident que bouger est bon pour les articulations.
Attention pourtant à demander conseil à votre médecin avant d’entreprendre une activité physique spécifique.
Qu’est-ce qui différencie arthrose et ostéoporose ?
L’arthrose est une atteinte du cartilage, alors que l’ostéoporose est une atteinte de la qualité de l’os.
On peut donc souffrir des deux maladies en même temps. Dans l’un et l’autre cas l’activité physique doit être maintenue dans la limite du possible et dans des conditions qui peuvent être définies par votre médecin.
Pourquoi les anciens sportifs souffrent-ils souvent d’arthrose ?
Lors de toute activité sportive intense, des microtraumatismes articulaires se déclarent, qui favorisent la survenue d’un processus arthrosique.
Il ne faut donc pas confondre une heure de marche (activité physique) avec un match de tennis (sport).
Pourquoi ressent-on une douleur lors de crises articulaires ?
La douleur est une sensation qui nait lorsque le corps subit une agression (physique, chimique ou infectieuse).
La première réponse de défense est l’inflammation. Lors de ce processus des cellules vont envoyer dans le milieu des signaux qui vont entre autres stimuler les terminaisons nerveuses et entraîner la création au niveau cérébral d’une sensation douloureuse consciente.
,On parle d’une triade de l’inflammation :
- douleur,
- rougeur,
- chaleur.
L’inflammation a des conséquences positives, puisqu’elle favorise la lutte de l’organisme sur une courte durée contre une infection ou un dommage. Elle devient par contre négative lorsqu’elle persiste, et/ou s’installe.
Qu’est-ce qui définit une inflammation ?
Lors d’une agression (infection par exemple) des cellules du système de défense donnent l’alerte en envoyant des signaux sous forme de médiateurs (protéines). Ceux-ci ont plusieurs fonctions, ils favorisent l’arrivée du sang (rougeur) amenant les cellules de défenses utiles sur le terrain de l’agression, augmentent la température locale (chaleur) et stimulent les terminaisons nerveuses de la douleur.
Le processus inflammatoire peut se décrire à la fois comme la chute d’une série de dominos qui de proche en proche va entraîner la stimulation de cellules voisines, mais aussi comme un système de démultiplication des effets.
Comment évolue une inflammation ?
- Comment peut-on savoir si l’on est sujet à de l’arthrose ?
- Peut-on prévenir l’arthrose ?
- Qu’est-ce qui peut permettre de suspecter une arthrite ?
- Peut-on prévenir l’arthrite ?
- Certaines personnes sont-elles plus à risque d’arthrose que d’autres ?
- Peut-on lutter contre les rhumatismes en mangeant différemment ?
- Quels sont les atouts d’une alimentation plus riche en oméga 3 ?
- Que dois-je limiter dans mon régime alimentaire en cas d’arthrose ?
Comment peut-on savoir si l’on est sujet à de l’arthrose ?
Ce sont les douleurs qui sont les principaux signes d’appel, mais le gonflement des jointures des os et la difficulté à mobiliser l’articulation sont des symptômes évidents d’un rhumatisme.
Dans le cas de l’arthrose, son installation est longue et souvent asymptomatique et touche rarement les personnes de moins de 50 ans.
Peut-on prévenir l’arthrose ?
La réponse est plutôt négative, puisque l’évolution de la maladie est silencieuse dans un premier temps. Par contre, il est certain que l’activité physique régulière sans risque traumatique, ainsi que la lutte contre l’obésité, sont des moyens d’en influencer au moins partiellement les effets
Qu’est-ce qui peut permettre de suspecter une arthrite ?
L’apparition d’un gonflement des articulations chez une femme jeune doit favoriser la prise d’un avis médical, surtout si les articulations des deux côtés sont touchées en même temps.
Une arthrite comme la polyarthrite rhumatoïde peut entrainer la survenue d’autres symptômes : respiratoires, dermatologiques… mais aussi fatigue et dépression.
L’arthrite peut devenir plus rapidement invalidante et touche souvent des personnes de moins de 40 ans.
Peut-on prévenir l’arthrite ?
La réponse est négative, puisque la maladie arthritique est très généralement liée à un dysfonctionnement du système immunitaire. Par contre, la mise en œuvre d’un traitement adapté sera d’autant plus efficace que la maladie sera diagnostiquée tôt
Certaines personnes sont-elles plus à risque d’arthrose que d’autres ?
Dans le cas de l’arthrose, ce sont bien évidemment les personnes de plus de 65 ans, mais aussi les femmes qui en souffrent le plus.
Les personnes obèses et plus particulièrement les femmes post ménopausées vont être atteintes plus fréquemment d’une arthrose du genou.
Les sportifs ayant subi des traumatismes ou des microtraumatismes liés à la pratique d’un sport ou les ouvriers ayant une activité professionnelle avec des mouvements répétitifs (dits stéréotypés) vont souffrir plus rapidement d’arthrose.
Les arthroses de la cheville sont plus fréquentes chez les sportifs ayant subi un traumatisme de cette articulation.
Une rupture du ménisque ou des ligaments croisés favorise la survenue d’une arthrose du genou.
L’hérédité est aussi un facteur favorisant, c’est ainsi que le rhumatisme des doigts apparaît plus fréquemment chez les filles dont les mères en souffraient déjà.
Peut-on lutter contre les rhumatismes en mangeant différemment ?
Selon une étude épidémiologique, il apparaît que la population du sud de la Méditerranée souffrirait moins d’arthrite. Son régime alimentaire pauvre en viande, d’un apport en fer plus faible et riche en fruits et légumes, huile d’olive et poissons aurait un effet protecteur
Quels sont les atouts d’une alimentation plus riche en oméga 3 ?
Les poissons et plus particulièrement les poissons gras dont l’huile renferme des oméga 3 et permettrait de lutter contre l’inflammation des pathologies arthritiques
Que dois-je limiter dans mon régime alimentaire en cas d’arthrose ?
Il faut chercher à diminuer dans nos comportements actuels tout ce qui peut favoriser l’inflammation, c’est-à-dire la viande rouge et la charcuterie en trop grande quantité. Majorer en dehors d’une alimentation plus riche en oméga 3, les apports en antioxydants (huile d’olive, noix, avocat…) fruits et légumes frais.
Pour autant, la meilleure des solutions est de rechercher la diversité et l’équilibre, en un mot : manger de tout, en quantité nécessaire et suffisante.
- Faut-il utiliser le froid plutôt que le chaud pour soulager les douleurs ?
- Que dois-je faire pour éviter d’avoir mal ?
- Comment utiliser mes antalgiques ?
- Pourquoi me prescrit-on moins d’anti-inflammatoires ?
- Comment prescrit-on des corticoïdes ?
- Quelles sont les précautions à prendre dans le cas d’une infiltration ?
- Quels sont les autres traitements de l’arthrose et de l’arthrite ?
Faut-il utiliser le froid plutôt que le chaud pour soulager les douleurs ?
Le froid apparaît plus utile pour soulager un épisode inflammatoire.
Le chaud est conseillé lors d’une douleur d’origine musculaire.
L’un et l’autre ont la capacité de soulager une douleur, mais seulement sur une durée relativement courte.
Que dois-je faire pour éviter d’avoir mal ?
Lutter contre la douleur est un apprentissage. La douleur est une sensation particulièrement personnelle. Il est des douleurs que l’on peut anticiper et d’autres qui vous prennent au dépourvu.
Prendre des antalgiques avant une activité que l’on sait douloureuse est utile.
Le but est de maintenir l’activité physique le plus longtemps possible, car celle-ci est utile et nécessaire pour votre bien-être.
Comment utiliser mes antalgiques ?
Le bon antalgique est celui qui soulage la douleur à dose efficace la plus faible possible et avec le moins d’effets indésirables, sans dépasser la dose prescrite.
L’absence de soulagement nécessite d’en parler à votre pharmacien ou à votre médecin.
Même si certains médicaments sont très largement utilisés, il faut toujours les considérer comme des médicaments et les prendre selon les recommandations d’un pharmacien et/ou d’un médecin.
Pourquoi me prescrit-on moins d’anti-inflammatoires ?
L’utilisation d’anti-inflammatoires dits non stéroïdiens (AINS) peut favoriser, chez les personnes âgées, des problèmes rénaux (insuffisance rénale), voire cardiaques.
La forme gel peut par contre être utilisée sous certaines conditions.
Tous les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont contre-indiqués chez les femmes enceintes de plus de 6 mois.
Dans tous les cas, avant d’utiliser un médicament anti-inflammatoire, demandez conseil à votre pharmacien.
Il est aujourd’hui recommandé de prescrire les AINS à dose minimale et pendant la période minimale.
Comment prescrit-on des corticoïdes ?
Il y a deux façons de prescrire les corticoïdes :
- soit à faibles doses par voie orale,
- soit à dose plus forte par injection intra-articulaire.
À faible dose les corticoïdes permettent d’améliorer les symptômes de l’arthrite (polyarthrite rhumatoïde) et semblent limiter la dégradation articulaire. Ce traitement peut être prescrit plus de 3 mois.
Les injections de corticoïdes dans l’articulation sont d’une efficacité certaine, mais transitoire. En effet, ces infiltrations permettent d’éliminer les débris cartilagineux, la fibrine et les facteurs inflammatoires.
Quelles sont les précautions à prendre dans le cas d’une infiltration ?
Ce type d’intervention n’est pas sans douleur. C’est pourquoi une anesthésie locale est effectuée avant l’infiltration.
Le repos pendant 24h, ainsi qu’un lavage des articulations au serum physiologique peuvent être préconisés en amont de l’intervention pour potentialiser son effet.
Quels sont les autres traitements de l’arthrose et de l’arthrite ?
Une arthrite, comme la polyarthrite rhumatoïde, est une maladie qui touche les mécanismes de défense de l’individu (immunité) qui agissent trop vite et trop fort contre l’organisme lui-même. Les médecins vont donc prescrire des médicaments qui vont limiter l’activité excessive de l’immunité : ce sont des immunodépresseurs ou plus rarement suppresseurs.
Ces derniers agissent sur les signaux qui s’adressent aux cellules immunitaires entre elles comme les anti-TNF alpha par exemple.
On utilise aussi des sels d’or, des antipaludiques.
Dans le cas de l’arthrose en dehors des antalgiques, des AINS et des injections de corticoïdes (sous certaines conditions et par des médecins spécialistes), il est possible d’utiliser en injection locale de l’acide hyaluronique (molécule naturellement présente dans le corps) lors d’une indication précise et par des médecins autorisés, qui lubrifie le cartilage pour faciliter l’absorption des chocs mécaniques.
Il ne faut pas sous estimer le potentiel de la rééducation qui :
- maintient les mouvements en amplitude,
- lutte contre les mauvaises habitudes de positionnement,
- renforce les muscles.